Le Blog du Hamac
L’ayahuasca, partage d’expérience sur l’un des chemins de l’éveil
Je ne saurais dire à quel moment vraiment la décision de partir au Pérou s’est manifestée…
Je crois que depuis toujours je suis animée par une quête de vérité, lors de notre voyage en tour du monde en famille il y a deux ans, il y eu comme un basculement. A plusieurs reprise, j’ai vécu des expériences d’unité, un lieu où il n’y a plus de questions, où tout devient évident et où surtout rien n’est séparé, tout est un.
Là où je croyais expérience au départ, c’est affinée la perception qu’il s’agissait en fait de notre véritable nature, et qu’il y avait peut être une vérité mais constituée de la somme des vérités de chacun, à ce moment là est née la Philosophie du Hamac.
De cette « non expérience » est apparue l’inspiration de reconnaître ma vérité à chaque instant, de percevoir tout ce que je ne suis pas me ramenant toujours plus près à ce que je suis vraiment. De dire oui à tout même dans l’inconfort…
Cela fait donc 2 ans, que ma réalité se modifie, tantôt l’unité et la foie en cette vérité , tantôt les émotions, les memoires, l’éducation, les souvenirs du passé, les relations…. tout ce qui nous conditionnent, nous limitent, qui font que nous ne faisons que répondre avec nos masques aux besoins la plupart du temps d’amour et de reconnaissance.
C’est comme si le chemin entre l’absolu et le relatif finissait par se rétraissir.
C’est donc dans cette perspective, de dire oui à tout, en tant que chercheuse dans le domaine de la conscience depuis 20 ans, sans jugements que les synchronicités autour de l’ayahuasca et du Pérou ont vu le jours, en peu de temps je me suis retrouvée avec mes billets d’avion et un départ prévu 1 mois après. Comme un appel à suivre.
On me demande souvent comment j’ai trouvé LE chaman, le lieu… quand l’ayahuasca est rentrée dans mon champ de conscience, que j’ai commencé à en parler comme ça, sans que dans mon passé ce fut un but en soi, j’ai commencé à lire un article concernant un chaman suisse, ayant été dans ce lieu qui lui avait insufflé son nouveau livre « Mère » ( Laurent Huguelit), puis un autre du directeur de l’INRESS Stephan Allix auteur de nombreux ouvrages.
Tous deux avaient été rencontrés ce jeune Chamane Français, qui vivaient au Pérou depuis 10 ans, ayant lui même vécu de longues diètes et un long parcours d’apprentissage.
A ce moment là, ça m’a dit oui ! J’ai envoyé un mail et tout s’est enchainé très facilement et rapidement. Cela peut paraître étrange d’aller rencontrer un chaman français au Pérou, mais le fossé culturel, la barrière de la langue ont eu raison de mon choix. Et franchement je ne le regrette pas… Le centre s’appelle Oka Wasi, se situe dans la forêt amazonienne vers Tarapoto au Pérou, il est tenu par Yann Rivière et sa femme ZsuZsi , à eux deux, ils sont très complémentaires et permettent un accompagnement de qualité, indispensable me semble t’il pour ce genre de voyage.
Cette démarche de partage d’expérience, ne se veut pas être la vérité, juste la mienne, mon but n’est pas de convaincre qui que ce soit, ni de faire l’apologie de cette médecine, juste de partager d’un point de vue global ce que cela a permis et fait émerger, pour ceux qui sentent appelé où souhaitent juste en savoir plus.
Alors avant que le voyage ne commence concrètement, c’était déjà énorme, en soi, pour moi, que de partir seule dans un pays où je ne parle même pas la langue ! En disant oui à cela sans savoir pourquoi, ce qui allait se passer… l’inconnu… je ne pouvais me douter de ce qui allait être rencontré. Je pense même que si j’avais su à l’avance, je ne me serais jamais cru le courage de le traverser..
Le déroulé sur deux semaines s’organise en gros de la manière suivante :
Les deux premières cérémonies sont des purges, on boit 4litres de liquide dans lequel est déjà dilué le mélange Ayahuasca, afin de tester déjà notre sensibilité à la plante.
Donc là direct dans le vif du sujet, tu oublies le glamour et les paillettes, tu ranges ta dignité et c’est partie pour quelques heures de purges avec les trois autres participants et nos deux Chamans.
Selon notre sensibilité, les visions et les sensations commencent déjà… Le Chaman peut donc doser la plante en fonction de chacun et ça c’est déjà très intéressant de prendre en considération nos différences.
Avant la première purge, nous nous entretenons individuellement avec eux, nous sommes invités à répondre à qu’est ce qui t’amène ? Et franchement, jusqu’à devoir répondre, je n’en savais franchement rien ! Cela donne une direction dans le processus qui va suivre avec le Chaman lors des cérémonies. Après chaque cérémonie, nous bénéficions d’un entretien individuel, c’est vraiment évolutif. Sur les deux semaines le puzzle va s’assembler et d’une manière ou d’une autre va répondre à l’appel de départ. A la fin ce qui reste pour chacun au delà de nos différences, de la langue que nous parlons, de notre pays, de nos « problématiques », c’est la CLARETé.
Ce que je n’ai pas encore mentionné c’est qu’il y a un travail à faire en amont, pas de porc, de bœuf, de sel, de condiment, de sex, de drogues au sans large ( alcool, cannabis, antidépresseurs, sucre raffiné… ). Ces restrictions permettent de commencer le nettoyage, de garder toute ton énergie pour le travail qui va se faire. Toutes ses restrictions vont se prolonger encore de retour chez soi.
Les cérémonies se déroulent toujours de la même manière sur la forme, à 20h rdv dans la Maloca, on allume notre bougie, on s’installe sur notre matelas qui sera le même jusqu’au bout. Les chamanes ouvrent le bal en buvant le fameux mélange… puis chacun notre tour nous nous rendons devant eux, afin que la dose nous correspondant nous soit transmise. ( on va pas se mentir, le goût et l’absorption de ce breuvage est déjà une épreuve en soi à chaque fois)
Ensuite on retourne à notre place on souffle sur notre bougie et c’est parti ! Dans l’obscurité, la plante prend petit à petit place dans ton corps sous forme de sensations divers, de visions, d’émotions…
Les Icaros :
Ce sont donc les chants des chamans. C’est un travail d’équipe entre toi, les plantes, le chaman et les icaros. Le chaman commence à chanter collectivement pour connecter aux plantes. Parfois le chant est ressenti comme un marteau piqueur qui viendrait decoler tout ce qui a besoin d’ être mis en lumière, véritable torture… parfois les icaros sont vécus comme du miel qui coule en toi… et parfois les icaros te sauvent de tes démons. Quand les traumas remontent, que tu n’as aucun contrôle sur rien, que la plante joue son rôle de miroir, et que toute ton obscurité se présente à toi sous forme de douleurs, de visions, de sensations… Que toutes tes peurs te saisissent, le chaman chante pour toi, il aide véritablement à sortir les poubelles. Lui et ses chants te sont indispensables et tu le sens…
D’où il me semble l’intérêt de la confiance et des capacités du chaman présent à tes côtés.
Parceque quand même le chaman est lui aussi dans l’ivresse de la plante, et il arrive à s’occuper de nous là où nous même parfois, ne sommes même pas capable de nous déplacer. Grand respect.
Durant les icaros, le chaman a des visions de ce qui apparaît de ce qu’il nettoie, lors de l’échange le soir ou le lendemain des cérémonies, je ne peux que saluer la congruence de ses visions et des miennes.
L’Ayahuasca : Tu peux trouver sur internet, toutes les informations, sur ce mélange Ayahuasca/Chakruna, utilisé depuis des millénaires par les tribus chamaniques d’Amazonie, permettant des expériences transcendantales et salvatrices.
Depuis mon expérience, cela permet vraiment un élargissement de conscience où les informations qu’elles soient intérieures ou extérieurs sont décuplées, un état de conscience où toutes les portes s’ouvrent, où il est possible de rencontrer son inconscient.
Et surtout, la plante est une énergie belle et bien vivante, tu la ressens , tu l’entends, tu dialogues avec, elle répond à tes questions, elle est ton miroir et t’amène aux prises de conscience…. Elle ne te montre pas ce que tu veux voir, mais ce qui est bon que tu vois pour ta guérison et ton évolution. Son énergie est à la fois douce, féminine et ferme ! J’ai été surprise à certains moment les plus difficiles à traverser, où elle me ramenait dans l’expérience de maintenant, là où j’essayais de fuir : « concentre toi !! regarde, reste là ! », En gros, elle fait une grosse balayette à ton égo !!!
Depuis le retour, je la sens encore, la sensation qu’elle m’a fait un grand cadeau, à moi de jouer maintenant en me saisissant de ses enseignements qui continuent d’affluer à chaque instant.
Cette plante par les prises de conscience qu’elle amène, peut sortir les gens de la dépression, des addictions… il ne s’agit donc pas pour moi d’une drogue récréative, mais bien d’une médecine de l’âme à part entière.
Il est évident que cet « accélérateur de particules » n’est pas fait pour tout le monde tant le choc peut être violent, nous ne pouvons être à l’abri d’un basculement dans la psychose. C’est vraiment à chacun d’écouter ce qui résonne en lui vis à vis de cette « thérapie ». Il existe d’autres méthodes occidentales pour connecter avec notre inconscient, telles que l’hypnose, l’EMDR, la psychanalyse… libre à chacun d’emprunter un ou plusieurs de ces chemins.
Les plantes maîtresses :
Les soirs où nous n’avions pas les cérémonies, nous buvions notre plante maitresse, le chaman nous en attribue une en fonction du premier entretien. Pour ma part, j’avais la Ajo sacha, qui me permettait d’ouvrir d’avantage mes rêves, et je dois avouer que mes rêves se sont expansés. Et surtout que leur sens m’était donner lors des cérémonies. Les plantes travaillant ensemble dans l’ouverture de conscience.
Que se passe t’il entre les cérémonies :
Entre les cérémonies, les journées sont longues… dans l’alternance de yoga, de repos, de grands moments d’introspection, de remontées émotionnelles et intégration. Finalement c’est un peu comme si on t’enfermait avec toi même dans une cellule durant 2 semaines, sans tes bouchons émotionnels, nourriture, contact, action…
Du coup la place est là pour accueillir.. et ce n’est pas toujours confortable!
Mon expérience dans les cérémonies :
Visions du passé du présent et du futur, visions psychédéliques, mystiques et transcendantales, douleurs physiques ++ pour percevoir d’où vient ma peur de la souffrance physique, la rencontrer et la transcender en faisant ressurgir la force de vie, la détermination et le courage. Sensation de mourir et de renaître à soi. Élargissement de conscience sur ce que nous sommes vraiment, à la fois tout et rien. Des moments où j’étais les aurores boréales, l’univers, la connaissance, la vie sous toutes ses formes. De l’amour inconditionnel pour tout ce qui relève du vivant et des personnes qui traverses la vie à mes côtés…
Également vision des traumas sur lesquels ta personnalité et tes limitations se sont construites enclenchant la protection de ton inconscient afin d’éviter de re souffrir.
Quand tu purges, tu sens une véritable libération.
Après être sortie de la « mort », il ne reste qu’un rire, je suis en vie, tout prend une nouvelle saveur.
L’intégration :
Voilà 10 jours que je suis rentrée, je me sens en intégration. Telle une funambule les apprentissages viennent se verticaliser, sur mon fil l’équilibre se travaille à chaque instant, parfois dans la vulnérabilité, parfois dans la détermination, et parfois dans la fusion des deux. C’est comme si depuis le retour à la maison tout ce que la plante m’avait montrée me revenait dans le quotidien, laissant émerger le seul choix de maintenant. Que choisis tu ? La peur ou l’amour ? Que peut il t’arriver de pire que ce que tu as vécu labas ? Tu es déjà morte !! et hop tout redevient évident, fluide et surtout profondément VIVANT.
Un accueil inconditionnel de tout ce qui apparaît, y compris des remontées émotionnelles, de cet accueil, dans la continuité, apparaît la détermination afin d’intégrer dans la matière en se mettant au service de… peut être ce qu’il me manquait pour me réaliser pleinement !
Le travail continue donc, travail de toute une vie, de chaque instant.
Pour conclure, je dirais que cette médecine de l’âme, est un des chemins possible vers l’éveil et la réalisation de soi, que finalement les états d’illumination dans les différentes traditions parlent tous de la même chose. Le détachement de ce qui nous traverse. Prendre conscience que nous ne sommes pas ce que nous croyons, descendre dedans le Moi ( la personnalité) pour voir les endroits à l’intérieur de nous qui refuse encore cela, afin de trouver le SOI. Ce SOI venant intégré le Moi, permet de lâcher nos valises afin d’accepter d’être soi « m’aime », de prendre sa place. Tout est un, tout est la vie. Soyons donc profondément VIVANTS !
Merci
« Il n’y a pas de chemin vers le bonheur. Le bonheur est le chemin. Il n’y a pas de de chemin vers l’amour. L’amour est le chemin. Il n’y a pas de chemin vers la paix. La paix est le chemin… » Dan Millman
Delphine Priouzeau pour La philosophie du hamac